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Géothermie : la force du collectif pour chauffer et refroidir bas carbone

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Publié le : 14.02.23

Temps de lecture 4 min

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Cindy

Demichel

co-fondatrice et CEO de Celsius Energy

Le 2 février 2023, le gouvernement a lancé son premier plan national sur la géothermie, à l’occasion d’une visite sur le site de l’entreprise Celsius Energy. Rencontre avec sa co-fondatrice et CEO Cindy Demichel, qui revient sur le déploiement massif de cette technologie bas carbone pour chauffer et refroidir les bâtiments. Un passage à l’échelle rendu possible notamment grâce à « l’action collective » née lors du dernier sommet de l'Université de la Ville de Demain. Explications.

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Celsius Energy est spécialisée dans la géothermie dite « de surface ». De quoi s’agit-il ?

En France, on connaît bien la géothermie profonde, qui consiste à puiser de l’eau chaude jusqu’à 1600 mètres de profondeur. La région parisienne est la vitrine mondiale des réseaux de chaleur géothermisés. Cette technique nécessite une lourde infrastructure et s’avère pertinente à l’échelle d’une ville ou d’un quartier.

La géothermie de surface – ou géoénergie – consiste à récupérer la chaleur du sous-sol, entre 0 et 200 mètres présente sous chacun de nos bâtiments. Pour cela, il suffit de connecter le bâtiment à cette batterie de calories, grâce à des sondes qui captent la chaleur pour la transférer vers une pompe à chaleur. Ainsi, le système puise les calories du sol l’hiver pour chauffer le bâtiment et l’été, récupère la chaleur estivale pour la stocker dans le sol pour la réutiliser l’hiver prochain.

« Près d’un quart des émissions carbone en France sont liées au chauffage des bâtiments. Or sur un seul bâtiment, une pompe à chaleur divise par dix les émissions d’équivalents CO2 par rapport à une solution gaz. »

Cindy Demichel

La géoénergie est adaptée à l’échelle d’une maison individuelle, d’un habitat collectif, d’un immeuble tertiaire ou d’un quartier et nécessite une emprise au sol de seulement vingt à cinquante mètres carrés. C’est une solution pour le neuf et la rénovation thermique, esthétique et discrète.

Quel est l’impact carbone de la géothermie de surface ?

Près d’un quart des émissions carbone en France sont liées au chauffage des bâtiments. Or sur un seul bâtiment, une pompe à chaleur divise par dix les émissions d’équivalents CO2 par rapport à une solution gaz. Le gain est considérable, avec un potentiel de développement exceptionnel : deux tiers des besoins en chauffage et climatisation du pays pourraient être couverts par la géothermie de surface, contre seulement 1% actuellement.

Ajoutons que les sondes et les matériaux de l’installation ont une durée de vie de 50 à 100 ans. C’est une technologie résolument durable. Pour reprendre les termes du rapport du Haut-Commissariat au Plan, la géothermie de surface représente un « gisement gratuit, inépuisable, sans aucune pollution et générant d’importantes économies de fonctionnement ».

Justement, quel est le gain financier pour le propriétaire ?

Un seul exemple : sur l’un de nos projets à Clamart, de 3 200 m2, la facture annuelle s’élève à moins de 10 000 euros contre 20 000 euros pour la facture de gaz en 2019, qui avoisinerait plutôt les 40 000 euros aujourd’hui.

Recourir à la géoénergie, c’est diviser par 4 sa consommation d’énergie et la volatilité de ses factures. Alors que les prix de l’énergie s’emballent, on estime des temps de retour sur investissement de l’ordre de 5 à 12 ans par rapport à une référence gaz.   

La ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher est venue annoncer le plan du gouvernement sur le site de Celsius Energy. Quelle est l’ambition du gouvernement ?

Nous sommes très fiers d’avoir accueilli cette annonce sur le site de Celsius Energy, une annonce qui représente un signal fort pour encourager la géothermie de surface, encore trop méconnue.  L’ensemble de la filière et les acteurs de la ville durable ont d’ailleurs massivement répondu présent à notre invitation.

Dans son discours, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a été très claire. La France doit devenir leader de la géothermie en Europe, autant en termes de filière industrielle que de production. Dans 15 à 20 ans, l’objectif est de produire suffisamment de chaleur géothermale pour économiser 100 TWh/an de gaz, soit plus que les importations de gaz russe avant 2022. On est au cœur des enjeux de souveraineté énergétique puisqu’il s’agit d’une énergie locale qui, par nature, n’est pas exposée aux risques géopolitiques ou de fluctuation des prix. La Ministre a par ailleurs cité l’initiative France Géoénergie née à l’UVD et lancée par ses soins au Salon des Maire comme un nouveau catalyseur de la demande auprès des usagers de cette énergie.

Le plan du gouvernement permet-il de lever les principaux freins du déploiement de la géothermie de surface ?

Du côté de la filière, l’offre s’est structurée et fait face à une demande certes en croissance mais encore loin d’être systématisée : elle n’appartient pas encore au paysage mental des donneurs d’ordre, publics ou privés.

2 février 2023 : lancement du plan national sur la géothermie sur le site de Celsius Energy

Les aides individuelles de 5 000 à 16 000 euros vont évidemment dans le bon sens pour démocratiser la géothermie de surface pour les particuliers.

Sur le volet formation, nous nous félicitons de l’engagement de l’État d’accompagner la formation de 7 000 foreurs dans les prochaines années, une compétence clé !

L’annonce de ce plan du gouvernement est aussi le fruit d’une mobilisation collective. Pouvez-vous nous retracer la genèse de cette dynamique ?

En juillet 2022, lors du sommet de l’Université de la Ville de Demain, nous avons été invités à présenter aux autres participants une « action collective », c’est-à-dire une bonne pratique à mettre à l’échelle. Aux côtés de Michèle Rousseau, Présidente du BRGM (Bureau des ressources géologiques et minières) et de Marc Daumas, Directeur général d’Aire nouvelle (filiale immobilière d’Equans), nous percevons la formidable opportunité que représente cette concentration de décideurs. Nous montons sur scène et appelons à la mobilisation afin de « systématiser la géothermie de surface pour chauffer et refroidir bas carbone. » Dans la salle, une trentaine de dirigeants de la sphère publique et de la sphère privée s’engagent à nous soutenir. L’action collective est adoptée !

22 juillet 2022 : lancement de l’action collective pour « massifier la géothermie de surface » à l’occasion du deuxième sommet de l’UVD

Les marques d’engagement sont suivies d’effet puisque les réunions de septembre à la Maison Palladio font salle comble. Vient ensuite le rapport du Haut-commissariat au Plan, prélude au lancement officiel du collectif France Géoénergie en novembre au Salon des maires. Nombre des soutiens présents au lancement avaient été mobilisés dès le sommet de juillet. Vous connaissez la suite, avec le lancement du plan du gouvernement… et ce n’est que le début de l’histoire. 

Rejoignez le mouvement

Le 5 avril 2023, lors de la Nuit de l’Action, Cindy Demichel a annoncé le lancement d’un tour de France de la géoénergie, pour initier des projets dans 15 villes pilotes. Contactez-nous si vous souhaitez vous engager dans ce déploiement national.

Crédit image à la Une : © Vincent Colin